L’émergence récente du problème public du non-recours dans le champ des politiques de jeunesse
Peu de travaux scientifiques prennent comme objet la question du non-recours des jeunes adultes à l’aide publique. Néanmoins, le phénomène apparaît aujourd’hui comme un problème public émergent. Depuis quelques années, les préoccupations européennes autour de la catégorie des jeunes NEET constituent un terreau favorable à la reconnaissance politique du non-recours. Les travaux sur les NEET conduisent les pouvoirs publics à se rapprocher de la question du non-recours. Mais tous les NEET ne sont pas en situation de non-recours, et cette nouvelle catégorie fait l’objet de nombreuses critiques. En France, les travaux portés par le CESE ont participé à la mise en visibilité des enjeux politiques et sociaux liés à la question du non-recours des jeunes adultes à l’aide publique (Dulin, 2012 ; Dulin, 2015 ; Dulin, Vérot, 2017). Ces trois rapports s’inscrivent dans la continuité de travaux précurseurs qui questionnent la nature des droits sociaux destinés aux jeunes et pointent les effets du non-accès des jeunes à certains droits (Charvet et al., 2001 ; Foucauld, Roth, 2002 ; Hirsch, 2009). Les trois rapports portés par Antoine Dulin mobilisent le non-recours pour pointer à leur tour les limites et les défaillances du régime d’accès aux droits sociaux réservé aux jeunes. Le problème du non-recours devient alors un nouvel argument en faveur d’une refonte des politiques sociales de jeunesse. Cette prise en compte récente du non-recours reste néanmoins tardive et partielle. En effet, la reconnaissance politique du phénomène rencontre diverses résistances opposées à la transformation des politiques sociales de jeunesse.