De l’urgence de réformer les médias sociaux
Une étude est récemment sortie que je trouve passionnante. Des chercheurs sont parvenus à évaluer la valeur que nous assignons aux services en ligne. Si les personnes de cette étude étaient dans l’ensemble prêtes à lâcher Facebook contre quelques dollars par mois, il leur aurait fallu quelques 17500 dollars par an pour se passer de moteur de recherche, ou 3500 pour ne plus faire usage de Google Map. Bref, la plupart des services en ligne sont gratuits, et si la recherche en ligne vaut vraiment 17500 dollars par personne et par an, alors c’est l’équivalent d’un tiers du PIB américain.
Cette étude indique à quel point le réseau social vaut peu de notre point de vue : un moteur de recherche équivaut à 60 fois plus. Néanmoins, Facebook est bien plus valorisé que celui-ci. Et cela montre bien la bizarrerie de Facebook : c’est un service ordinaire, mais à haute valeur lucrative, et dont l’individu est captif du fait du réseau.
Je suis convaincu que nous devrions véritablement trouver une manière de changer les réseaux sociaux en quelque chose qui fonctionnerait comme l’e-mail : un profil portable qui peut passer d’une plateforme à l’autre, comme nous pouvons transférer notre numéro de portable d’opérateur en opérateur par la portabilité du numéro, et composer n’importe quel numéro de téléphone dans le monde. Diverses propositions ont été exposées : le pionnier du Web Tim Berners-Lee, propose notamment un système appelé “Solid”, qui permettrait aux internautes de contrôler leurs données privées et de ne les fournir aux plateformes que sur la base d’une “obligation d’être informé”.
Un autre article scientifique mérite également d’être mentionné. Des chercheurs ont tenu à savoir quelle valeur les étudiants du MIT quelle valeur ils donnent à leurs propres données, et à celles de leurs amis. Le résultat est incroyable. Les étudiants ont en effet opéré des choix hétérogènes selon certaines récompenses ; ils laisseraient volontiers leurs données personnelles en échange d’une pizza. La valeur pécuniaire que nous donnons aux moteurs de recherche est flagrante. Ce n’est pas le cas de celle que nous accordons à notre intimité. Les géants d’internet ne risquent pas d’être inquiétés.